top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurGuillaume Tricaud

Deep Nature, ou ma plongée de 4000m de haut dans l’univers Bolivien

Entre les miradors à couper le souffle du lac Titi Caca, les fougères de 4 mètres de haut du parc Amboró et les manifestations paysannes de Santa Cruz, la Bolivie a tous les jours réussi à m’enchanter. La semaine pleine d’aventures, que je vous raconte ici, vous en offrira un tableau très représentatif. Señoras, señores, buen viaje !

Le 25 avril dernier, je mettais les pieds pour la première fois en Bolivie en arrivant depuis le Nord par le Lac Titi Caca. Premiers aperçus, premiers repas, premiers échanges avec les locaux… ça va me plaire, c’est certain ! Comment résister en même temps à leurs repas plus que copieux qui ne dépassent pas les 5 euros et à ces couchers de soleil de rêve sur cette infinie étendue d’eau qui prend tous les airs d’une mer perdue dans les nuages (alt. 3 800m) ? Le chemin que je trace ensuite au fil des semaines me permet de découvrir en profondeur un pays que l’on a pu qualifier, à très juste titre, de « synthèse de l’Univers » (Alcide d’Orbigny, Voyage dans l’Amérique méridionale). Entre les paysages glacés de l’Altiplano, perchés à plus de 3000 mètres d’altitudes, tout à l’Ouest et la végétation extrêmement dense des parcs protégés de la région de Santa Cruz, dans l’Oriente, je vous laisse imaginer la diversité des couleurs, des populations, des cultures agricoles mais aussi des températures (-5°C ressentis dans le Salar, 27°C à Santa Cruz) que l’on y rencontre !


Salar d'Uyuni - Entre sel et mer

Je reste cependant frustré par la difficulté de trouver ici des projets en lien avec des problématiques de développement durable. J’ai eu beau épluché mon fidèle site de volontariat Work Away, ce n’est pas le Pérou ici ! En m’approchant de l’Ouest et, par conséquent, de la forêt Amazonienne, je ne perds pas espoir et continue de demander aux locaux et gens de voyages rencontrés s’ils ont des pistes à me suggérer. Effectivement, je devrais bien trouver des fermes écologiques dans les pueblos (villages) des environs de Santa Cruz de la Sierra, région particulièrement fertile et porte d’entrée sur les parcs nationaux Amboró et Noel Kempff Mercado.


C’est parti, je repars de ma ville étape Cochabamba (ravi de la visite de son gigantesque marché, sans doute l’un des plus grands d’Amérique latine, vivier urbain où l’on peut trouver tout le nécessaire pour se construire une maison et se nourrir pendant 10 ans) pour 8h de bus à 5 euros en direction de Santa Cruz (un classique local). En feuilletant mon guide peu avant le départ, j’y lis que l’on peut demander au chauffeur de s’arrêter à Buena Vista, pueblo situé à une centaine de km avant Santa Cruz et permettant d’accéder à une des plus somptueuses forêts de la jungle amazonienne. Bon, si vous ne prenez pas l’affreuse compagnie que j’ai pris, Entre Ríos, normalement il n’y a aucun souci. Moi le bus a tranquillement dépassé le village et j’ai dû refaire sens inverse en van collectif pendant une heure et demie… des choses qui arrivent !


Río de Buena Vista

Lundi 11 juin, 10h30, j’arrive donc enfin sur la place centrale de Buena Vista. Effectivement, le guide n’a pas menti, c’est vert, vert et vert, j’adore ! Je planifie ma visite du parc Amboró du lendemain avec un contact de l’agence touristique locale et je passe l’après-midi sur le bord du Río, où je commence déjà à faire connaissance avec la faune locale...


PIvert aperçu sur le chemin du retour, hola amigo !

Le lendemain mon trek commence de bonne heure, avec un jeune couple israélien que j’ai rencontré à mon hostel. Petit détail fâcheux lorsqu’on arrive au point départ de la balade, le prix n’est plus de 250 bolivianos les deux jours mais par jour ! Bon, il faut encore négocier, on perd un peu de temps mais on s’arrange sur un total de 330 bolivianos. Ce n’est pas agréable mais ça reste quand même beaucoup moins cher qu’avec les agences mentionnées dans mon guide et, encore une fois, c’est le jeu ma pauvre Lucette ! Petit conseil du coup pour vous qui préparez votre voyage : soyez bien au clair sur tous les inclus/ non inclus de votre trek avant de vous lancer.


Le jeu en valait la chandelle, je me retrouve enfin perdue au milieu d’une végétation digne du Jurassique, où l’on ne voit pas à plus de 2 mètres. Je comprends vite la nécessité d’avoir un guide : en m’attardant 2 minutes pour photographier une autoroute de fourmis coupant le sentier, je perds mon petit groupe et me retrouve seul au milieu des fougères, des lianes, des troncs larges comme deux twingo et de bruits d’innombrables oiseaux inconnus. Sympa, je vais réécrire le livre de la jungle, adieu civilisation, adieu maman ! Non finalement il revient très vite vers moi. Il connaît les sentiers par cœur, nous amène sur les bords du río où l’on peut se baigner et nous raconte quelques légendes locales. Il nous présente même un arbre local du nom et du goût d’ajo (ail)… jusqu’à présent pour moi ça poussait sous la terre, étrange découverte non ?


WELCOME TO THE JUNGLE !

A la tombée de la nuit, on repart à la recherche d’animaux nocturnes mais, comme de jour, l’humidité nous empêche de les entendre se déplacer. Il se met à pleuvoir au bout d’une petite heure ; en 8 minutes chronos il nous ramène à notre pueblo par ses chemins introuvables pour le commun des mortels européens. Le lendemain, on arrive cette fois à rencontrer des espèces en tout genre : perroquets, oiseaux de marais, crocodile, toucans, singes, araignées…


Jeune crocodile à la surface d'un marais - Parc Amboró

Cette immersion de deux jours m’a permis d’approcher enfin la jungle et de prendre la bouffée d’air frais que j’attendais depuis longtemps mais… toujours pas de ferme ou de projet écologique en vue ! Je retourne à Santa Cruz pour cette fois prendre la route de Samaipata, village de montagne paisible à 160km de là, point de chute pour de nombreux volontariats. Dans mon taxi collectif, deux filles Suisses dont je fais la connaissance parlent de se rendre dans un projet de permaculture aux abords d’un pont situé à mi-chemin. Ça sonne bien, je les suis sans me poser plus de questions.


La maison aux 1000 merveilles de Ginger's Paradise


J’ai alors vécu l’une de mes meilleures surprises de ce périple bolivien, une aventure totalement inattendue mais des plus enrichissantes et inspirantes ! Le projet, Ginger’s Paradise, existe depuis presque une vingtaine d’années et a été monté par un américain aujourd’hui totalement intégré parmi les locaux (pas toujours chose évidente pour les Gringos). Il mêle différents chantiers de permaculture, de bioconstruction, de menuiserie ou encore de céramique, invitant chacun des nouveaux volontaires à venir apporter sa pierre à l’édifice. Le fondateur n’est pas là ; mais son fils Nova, sa compagne et sa sœur nous accueillent dans une ambiance des plus amicales et décontractées.


Des idées inspirantes à foison ! Ici l'exemple du vélo-lave-linge, 100% écolo et élu meilleure solution de l'année pour rester en forme malgré les quantités astronomiques de Dulce de leche argentin que vous pouvez ingérer

Durant mes 3 jours passés sur place, j’en apprends énormément sur les effets des plantes qui poussent en friche dans le jardin (permaculture oblige), sur la manière de les traiter et de les utiliser. Je désherbe, je plante de nouvelles plantes, j’engloutis des dizaines de mandarines qui pullulent en ce moment dans le jardin et dans la région en général. J’apprends également que l’on peut découper en tronçons un arbre local, sorte de prunier tropical, pour les replanter et les laisser reprendre racine puis, petit à petit, reprendre vie. Alors que je me lance ainsi dans un chantier de plateforme vivante avec Neila, l’une des deux Suisses, le four en terre qui chauffe également la maison est géré d’une main de maître par Sarah, la deuxième, qui nous prépare des pains maisons à la douce saveur du feu de bois.


Découverte de notre nouveau compagnon de travail avec Neila, qui nous permet de creuser des trous parfaitement verticaux en un rien de temps... Work in progress !

Le dernier jour, j’ai également le droit à mon premier cours de soudure avec Nova ! J’en apprends plus sur les différents types de courant électrique, les protections à prendre et les multiples possibilités de travail du métal. Il est super doué, il a tout juste 21 ans et a terminé ses études (il aurait bien poursuivi mais, comme beaucoup en Bolivie, il a renoncé à la filière qu’il souhaitait car, par manque de professeurs et de moyens, elle allait s’étaler sur plusieurs années de cours à tiers-temps). Il me donne également quelques conseils pour mes photos, le moment est magique.


Soudure enchanteresque

Je repars l’après-midi, le cœur et la tête pleine de bons souvenirs. Si le début de mon trajet est des plus sympathiques, en stop sur une camionnette de livraison de canapés, la suite rassombrit vite ma bonne humeur.


Tout commence plutôt bien

On est le 20 juin, j’ai peu de temps pour atteindre La Paz où se célèbre le solstice d’hiver dans le folklore local face à la porte du soleil des ruines Incas de Tiwanaku. A 19h30, j’apprends au terminal qu’aucun bus ne peut sortir de la province à cause des blocages de routes par les agriculteurs. Motif des mécontentements : l’Etat ne paie plus les regalias qu’il doit à la région, forme de subventions dont dépendent les agriculteurs. A cela s’ajoutent les velléités indépendantistes qui se sentent dans chacune des régions du bien nommé Etat pluri-national de Bolivie, qui n’arrange rien. Je passe donc plus de la moitié de la nuit à monter dans des taxis blindés de passagers, passer des blocus à pieds, monter à l’arrière de motos pour longer des files interminables de camions immobilisés, marcher dans le noir avec mes 18kg sur le dos…


Les montagnes de gravats blocant les routes, aussi bien rendues que ce que je pouvais voir en cette nuit... Unique !

Les blocus peuvent se terminer dans deux heures, comme prétendent certains locaux, comme dans 15 jours (ce qui est plus crédible à la vue des immenses monticules de pierres et de branches qu’occupent les agriculteurs). A 3h du matin, je tombe enfin sur un bus qui part directement vers Cochabamba, d’où je pourrai repartir pour La Paz. Epuisé, je m’endors en un rien de temps. Je serai dans les temps pour a cérémonie du solstice. Sacrée aventure cette Bolivie !

93 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page